Hodgson
William Hope Hodgson est né le 15 novembre 1877 à Blackmore End, comté d'Essex, Angleterre. Il est le deuxième des douze enfants de Samuel Hodgson, pasteur anglican, et Lissie Sarah Brown. Trois enfants mourront en bas âge, drames familiaux dont on retrouve les stigmates dans certaines nouvelles de Hodgson, dont "Les chevaux marins" et "Le mystère de la maison hantée". Le père souvent en bisbille avec l'Eglise est muté régulièrement et la famille le suit à travers toute l’Angleterre et jusqu’en Irlande, à Ardrahan dans le comté de Galway, non loin de laquelle se situe l’action de son roman « La Maison au bord du Monde ». Très tôt, le jeune Hope manifeste son désir de devenir marin. En août 1891, le père d’Hodgson, qui mourra un an plus tard d’un cancer de la gorge, cède à l’opiniâtreté de son fils de 14 ans et le fait engager comme mousse dans la marine marchande. Après quatre années d’apprentissage marquées par la cruauté des officiers et la pénibilité du travail en mer, il intègre en 1895 une école d’officiers de Liverpool et en sort avec un diplôme de Lieutenant deux ans plus tard. C’est également à cette période qu’il s’adonne au body-building, au judo et à divers sports au point de devenir un homme renommé en Angleterre pour sa force physique. Il monte une chambre noire sur le bateau sur lequel il navigue et photographie avec talent la mer et les phénomènes climatiques. En 1898, il sauve un camarade de bord de la noyade et reçoit la médaille de la Royal Humane Society pour son acte d’héroïsme. En 1899, après avoir fait plusieurs fois le tour du monde, il décide d’arrêter de naviguer et retourne à Blackburn, au nord de Liverpool, où sa famille est installée depuis 1890. Son amertume à l’égard de la vie maritime est grande. Il dénoncera dans ses articles et sa fiction les conditions de vie inhumaines des marins : les salaires misérables, la pénibilité des tâches, la violence d’officiers violents et tyranniques. Dans son œuvre fantastique, il fera de la Mer le lieu de toutes les peurs, la matrice des pires cauchemars et l’incarnation du Mal. Après avoir ouvert une école de culture physique, publié ses premiers articles, lancé un défi au célèbre magicien Houdini, Hodgson décide de se consacrer à la création littéraire en 1904, année de la faillite de sa salle de musculation. Il est imprégné des univers d’Edgar Poe, H.G.Wells, Jules Verne, Lord Bulwer-Lytton, et des récits de marins qui ont accompagné ses longues traversées. Sa première histoire, un conte fantastique mettant en scène une statue tueuse et intitulée « The Goddess of Death » paraît en avril 1904 dans le « Royal Magazine ». Hodgson déménage à Borth, dans le Cardiganshire. Il y écrit le plus souvent la nuit tombée, à l’instar de Lovecraft. En juin 1905, il publie dans « The Grand Magazine » sa deuxième nouvelle, « L’Horreur tropicale », première de ses histoires fantastiques ayant pour cadre la mer. En 1906 paraît « De la mer immobile », où il est pour la première fois question de la mer des Sargasses, cette portion de l'océan Atlantique Nord, située entre les deux Amériques, à l'est des îles Bahamas, où prolifèrent ces envahissantes algues brunes qui lui donnent son nom et qui pouvaient provoquer l'encalminage des navires à voile. Hodgson commence à être publié aux Etats-Unis. En 1907, son premier roman « Les Canots du Glen Carrig », les aventures fantastiques de marins naufragés, est publié et remporte un vif succès. Le début du roman est en particulier un modèle dans la construction artistique d'une atmosphère fantastique. Il s’agit en fait, comme l’a démontré Sam Gafford en 1992, de son dernier roman rédigé (en 1905), le premier étant « le Pays de la Nuit » (du moins partiellement rédigé vers 1903?), le deuxième « La Maison au bord du monde » (1904) et le troisième « Les Pirates fantômes » (1905), soit un ordre de composition inverse de celui de publication. Cette importante découverte accrédite l’idée que Hodgson, ayant échoué à placer ses œuvres les plus ambitieuses, se soit rabattu sur des productions non pas de moindre qualité littéraire mais en tout cas plus en phase avec le goût des lecteurs moyens. Paraît la même année « La Voix dans la nuit », certainement sa plus belle nouvelle fantastique. En 1908, est publié « La Maison au bord du monde », chef-d'oeuvre du genre fantastique, qui relate avec une rare puissance d'évocation l'attaque -terrifiante - d'une horde de monstres porcins contre une maison isolée. Suit en 1909 « Les Pirates fantômes », où un navire est pris d'assaut par les spectres de marins disparus, autre sommet du genre quoique moins célèbre. Il déménage à Londres en 1910. Désargenté, la publication de ses romans ne lui ayant que très peu rapporté, il se met à écrire des œuvres commerciales, voire alimentaires : La première aventure de Thomas Carnacki, sorte de détective du surnaturel, inspiré du John Silence d’Algernon Blackwood, paraît en janvier 1910 (En fait, avant cela, en septembre 1909, mais à New York et dans un obscur chapbook, était sortie "La Chose invisible", nouvelle mettant déjà en scène Carnacki). Il se disperse dans des genres populaires aussi variés que le western ou le récit sentimental. Il ne renonce toutefois pas à ses ambitions littéraires et parvint enfin à publier en 1912 son dernier roman fantastique « Le Pays de la nuit » (en fait, répétons-le, le premier dans l’ordre de rédaction) qui décrit dans un style archaïque et épique le périple d'un homme dans un futur très éloigné où le soleil est mort. Ce roman malgré ses défauts, en particulier une assommante longueur, développe une imagerie d'une indéniable splendeur et réussit à créer une atmosphère de terreur impressionnante. Encore une fois, ce sera un très grand succès critique, mais un échec commercial. En 1913, il se marie avec Bessie Farnworth, rédactrice d’un magazine féminin. En 1914, le couple s’installe dans le sud de la France. La même année, sort « Men of the Deep Waters », recueil qui comprend onze nouvelles, dont sept fantastiques, et deux poèmes. De nouveau, la critique est favorable, mais le public ne suit pas. A la fin de l’année, Hodgson et sa femme retournent en Angleterre. Hodgson suit une instruction de lieutenant à la Royal Field Artillery (RFA). Il entre dans le service en 1915. En 1916 paraît “The Luck of the strong”, recueil de nouvelles dont quelques unes fantastiques. Victime d’une grave blessure à la tête lors d’une chute de cheval, il retourne à Borth. En 1917, paraît “Captain Gault, Beeing the exceedingly private log of a Sea-Captain”, recueil de nouvelles non fantastiques. Il se remet de sa blessure et est renvoyé au front en octobre. Là, il se porte volontaire pour une mission d’observation très dangereuse. Le 19 avril 1918, sur le mont Kemmel, près d’Ypres, en Belgique, il est tué par un éclat d’obus allemand. Il est enterré dans le cimetière anglais de Passchenaele en Belgique. Il avait 40 ans.
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